Charlie a fait naître Les Chœurs Soul’idaires

Ensemble, nous avons marché…

Le 11 janvier 2015, nous étions plus de 4 millions en France, à défiler dans des marches républicaines. Encore sidérés, dévastés de découvrir qu’en France, l’on pouvait détruire des vies pour tenter d’annihiler une pensée, un humour insolent, au prétexte d’un irrespect religieux.

Solidaires avec les disparus et leurs familles, avec Charlie Hebdo, que nous l’aimions ou non, nous voulions défendre et revendiquer la liberté de penser, d’exprimer toutes les opinions. Avant Charlie, nous la croyions acquise, cette liberté. Tellement intégrée à notre quotidien qu’il ne nous venait pas à l’esprit qu’elle fût en danger.  

Alors, traumatisés, nous avons eu besoin d’être ensemble. Et nous avons marché, ensemble. Nous nous sommes parlé sans nous connaître, parce que nous étions frappés par la même douleur, animés par un même élan de fraternité. Nous nous sommes reconnectés au premier de nos fondamentaux : notre condition humaine. Au-delà de nos croyances, nos origines, ou nos appartenances sociales. Nous nous sommes réchauffés, réconfortés, dans ces marches collectives.

Ensemble, nous avons chanté…

Régulièrement, une personne ou une autre entamait la Marseillaise dans les cortèges. Et tout le monde se mettait à chanter. Pour ajouter à cette communion fraternelle. Car d’instinct, nous ressentions que la connexion s’intensifiait en partageant cette vibration mélodique. Tout le monde donnait sa voix. Mezzo voce ou hurlant, nous chantions. Pour évacuer l’indignation et la douleur, nous chantions. Pour nous apaiser et nous rassembler, nous chantions.

Tout le monde se foutait de chanter bien ou mal. Ça n’avait vraiment aucune importance, le jugement et l’auto censure n’avaient pas leur place dans ce moment. Seul comptait le sentiment de solidarité et de fraternité que renforçait le fait de chanter ensemble.

Pour moi, ce fut une révélation. J’ai alors pris conscience que, pour ressentir et même accroître la cohésion humaine, chanter est un moyen totalement magique et inégalable. Qu’il y a des circonstances ou cette grande peur de chanter, qui habite beaucoup de personnes, disparaît au profit de l’objectif de cohésion. Et que, lorsque cette appréhension s’efface, l’harmonie et la justesse apparaissent en même temps que l’égrégore.

Alors…

L’idée des Chœurs Soul’idaires et des Créateurs d’Émotions Positives est née ce jour-là. Nous allions, avec mes collègues artistes, créer des chorales éphémères, dans tous les contextes où le besoin de connexion humaine se ferait sentir. Le 1er Chœur Soul’idaire a ainsi eu lieu à Avignon, en 2015, sous le titre « Le Chœur Soul’idaire pour réaffirmer les valeurs de Fraternité ». Cinquante choristes dès la première édition. Des personnes qui, pour la majorité, n’avaient jamais chanté, et venaient simplement dire, sur scène, leur envie de plus de fraternité humaine. Depuis lors, c’est plus de 30 Chœurs Soul’idaires qui ont été menés, dans la société civile et dans des entreprises. Avec de nombreux objectifs, mais toujours dans le but de créer un lien émotionnel fort entre les gens. Au-delà des opinions et des croyances. Ouvertes à tous, même et peut-être surtout, si l’on n’a jamais chanté, nous continuons d’organiser des Chœurs Soul’idaires, c’est la mission des Créateurs d’Émotions Positives. Plus que jamais, nous avons besoin de renforcer nos liens et de nous rassembler. La colère, les frustrations, même légitimes, doivent être dépassées pour laisser la place à un projet, et continuer à faire société. Reconnectons-nous à la force collective qui nous animait lors de ces marches. Et en 2025… Chantons ensemble !

Sandrine Musel – directrice des Créateurs d’Émotions Positives – artiste

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